mercredi 27 mars 2024

Des Compléments Prébiotiques et le Wasabi Améliorent la Mémoire de Travail des Seniors




Mémoire de travail

La mémoire de travail ou immédiate est une forme de mémoire à court terme qui permet de stocker et manipuler des informations pendant un temps très court (environ 30 secondes) en vue de les utiliser pour accomplir une tâche. Sans cesse mobilisé dans nos activités quotidiennes, ce système cognitif est notamment essentiel au bon déroulement des interactions sociales, à l’expression, au raisonnement et à l’autonomie. C'est la mémoire vive du cerveau qui permet de manipuler des informations et d'aller chercher les informations dans la mémoire à long terme.

La mémoire de travail est sollicitée à chaque fois que nous cherchons une information, que nous participons à une conversation, lisons un texte, procédons à un raisonnement, résolvons un problème ou commençons un nouvel apprentissage.

La mémoire fait référence à la capacité d’encoder, de stocker et de récupérer des informations au fil du temps. Il s’agit d’un processus complexe qui fait intervenir les neurones, les synapses et les neurotransmetteurs du cerveau.

Différence entre la mémoire de travail et la mémoire à court terme

La mémoire de travail et la mémoire à court terme sont souvent utilisées de manière interchangeable, mais elles ne sont pas identiques. La mémoire à court terme est une composante de la mémoire de travail. La mémoire de travail implique la manipulation et l’utilisation actives des informations, tandis que la mémoire à court terme est le stockage temporaire des informations.

Les deux types de mémoire sont essentiels au fonctionnement cognitif et peuvent être améliorés par la pratique et l’utilisation de stratégies d’amélioration de la mémoire.

Hippocampe : le siège de la mémoire dans le cerveau

L’hippocampe, situé dans le lobe temporal, joue un rôle central dans la mémoire. Il est l’endroit où les souvenirs à court terme sont transformés en souvenirs à long terme. Ces derniers sont ensuite stockés ailleurs dans le cerveau.

L’hippocampe est une partie sensible du cerveau. Un éventail de maladies peut l’affecter négativement, y compris une exposition à long terme à des niveaux élevés de stress. Plusieurs maladies et facteurs sont connus pour nuire à la capacité de l’hippocampe à fonctionner normalement.

Pourquoi ai-je la mémoire courte ?

Les problèmes de mémoire à court terme peuvent être causés par de nombreux facteurs, tels que le stress, le manque de sommeil, le vieillissement et certaines conditions médicales. Il est important d’identifier la cause sous-jacente des problèmes de mémoire à court terme et de demander une aide professionnelle si nécessaire.

La prévalence des maladies et affections liées à l’âge, telles que la démence et la perte musculaire, augmente à mesure que la population mondiale vieillit. Le microbiote intestinal est depuis peu exploré pour son potentiel dans la réduction de l’incidence de ces maladies. En effet, de nombreuses recherches ont mis en évidence son rôle clé dans les mécanismes cognitifs et physiques du vieillissement.

Par exemple, il a été démontré que sa résilience diminue avec l’âge, car il devient plus vulnérable aux maladies, aux médicaments et aux changements de mode de vie. Des recherches ont également avancé qu’il pourrait influencer la perte musculaire par le biais des voies cataboliques. Le microbiote intestinal pourrait ainsi constituer une plateforme thérapeutique polyvalente, pour la prévention et l’inversion de la perte musculaire et du déclin cognitif liés à l’âge.

Voies cataboliques. Ce sont des voies par lesquelles les nutriments organiques sont dégradés par oxydation dans de simples produits finaux dans le but d'obtenir de l'énergie chimique et de réduire le pouvoir de transformation en d'autres formes d'énergie utiles pour la cellule.

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L’augmentation de l’espérance de vie mondiale intensifie les enjeux de santé publique, particulièrement autour du déclin cognitif. La recherche se tourne notamment vers l’alimentation pour trouver du soutien aux fonctions cérébrales, une démarche essentielle pour améliorer la qualité de vie des aînés. Des régimes spécifiques, tels que le régime méditerranéen, sont reconnus pour leur impact favorable sur la mémoire et les capacités cognitives globales. Des revues systématiques ont également confirmé que la consommation régulière de fruits et légumes améliore les fonctions cérébrales chez les aînés en bonne santé.

Parmi les alternatives étudiées pour le maintien d’un microbiote intestinal sain, figurent les prébiotiques. À ne pas confondre avec les probiotiques, qui sont les organismes microbiotiques bénéfiques pour notre organisme, tandis que les prébiotiques sont les composés dont ils se nourrissent.

Des recherches ont montré que la prise de compléments alimentaires prébiotiques améliore le niveau global d’indice de fragilité chez les personnes âgées. Des preuves préliminaires ont également suggéré un effet bénéfique sur les performances cognitives.

Dans ce contexte, on pourrait logiquement penser qu’un apport supplémentaire en protéines et en prébiotiques pourrait contribuer à la prévention de la perte musculaire et cognitive liée au vieillissement.

Cependant, aucune étude n’avait jusqu’à présent analysé les effets d’un complément alimentaire combinant ces deux éléments sur les fonctions physiques et cognitives des personnes âgées.

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Un supplément quotidien de fibres améliore les fonctions cérébrales des personnes âgées de plus de 60 ans en seulement 12 semaines



Des chercheurs du King’s College de Londres, Department of Twin Research dans une étude, publiée dans la revue Nature Communications en mars 2024, révèlent qu’une dose quotidienne de compléments à base de fibres prébiotiques améliore significativement les fonctions cognitives des personnes âgées en seulement 12 semaines.

Cette catégorie d’individus démontrait notamment de meilleures performances aux tests de mémoire après avoir pris de l’inuline ou du furctoologisaccharide (FOS), des compléments alimentaires bon marché disponibles dans presque toutes les pharmacies.

Une amélioration significative des fonctions cérébrales

Dans le cadre de leur essai, les chercheurs ont recruté 36 paires de jumeaux (soit 72 personnes) âgés au moins de 60 ans et issus du TwinsUK – la plus grande base de données consacrées aux jumeaux adultes du Royaume-Uni.

En effet, les fonctions physiques et cognitives sont à la fois influencées par des facteurs génétiques et environnementaux. La randomisation au sein de paires de jumeaux réduit ainsi les variations attribuables à des facteurs partagés, ce qui renforce la fiabilité statistique de l’étude.

Le protocole de l’étude impliquait une expérience à domicile en double aveugle au cours de laquelle les participants étaient invités à recevoir quotidiennement soit un placebo, soit un complément prébiotique pendant 12 semaines. Les compléments, assignés au hasard, étaient soit du FOS, soit de l’inuline.

L’inuline est une fibre prébiotique de la classe des fructanes, tandis que le FOS est un dérivé de l’hydrolyse de l’inuline. Tous deux sont bon marché et largement disponibles dans le commerce.

Parallèlement, tous les volontaires ont consommé des compléments protéinés et effectué des exercices visant à améliorer leur fonction musculaire. Les chercheurs ont suivi les participants à distance par le biais de vidéosurveillance, de questionnaires en ligne et de tests cognitifs.



Les chercheurs ont découvert que le groupe ayant reçu les prébiotiques présentait de meilleures performances aux tests de mémoire – dont le Paired Associates Learning, utilisé pour l’évaluation précoce d’Alzheimer –, ainsi qu’aux tests de temps de réactivité et de vitesse de traitement des informations. Il a également été constaté que les fibres entraînaient des changements significatifs dans la composition du microbiote intestinal, en augmentant le taux de bactéries bénéfiques, telles que Bifidobacterium. Des expériences sur des souris ont d’ailleurs montré que ces dernières pouvaient réduire les déficits cognitifs en régulant l’axe intestin-cerveau.

Cependant, aucune différence notable n’a été observée quant à la force musculaire des participants. D’un autre côté, la majorité des participants à l’étude étaient des femmes, ce qui pourrait induire un certain biais dans les résultats.

Les chercheurs sont ravis de constater ces changements en seulement 12 semaines. Ces résultats sont très prometteurs pour l'amélioration de la santé cérébrale et de la mémoire de la population vieillissante. Percer les secrets de l'axe intestin-cerveau pourrait offrir de nouvelles approches pour vivre plus longtemps en bonne santé.

Un autre aspect novateur de l'étude est sa conception à distance, qui a démontré la faisabilité d'essais chez les personnes âgées sans nécessiter de longs déplacements ou des visites à l'hôpital, ce qui pourrait être réalisé dans de nombreux contextes à travers le monde.

Des défis tels que la culture numérique et l'accès à la technologie nécessaire ont été reconnus et seront abordés dans de futurs projets à plus grande échelle dans le but d'améliorer la qualité de vie des populations vieillissantes dans le monde entier.


Le wasabi améliorerait la mémoire chez les seniors



Des chercheurs de la Tohoku University dans une étude, publiée dans la revue Nutrients en novembre 2023, ont révélé un lien surprenant entre le wasabi – connu pour sa saveur piquante – et l’amélioration des fonctions cognitives chez les personnes âgées.

Alors que le maintien des fonctions cognitives devient un enjeu majeur du vieillissement, l’étude pointe les bénéfices inattendus du wasabi sur la mémoire des aînés de plus de 60 ans. Cette épice japonaise, riche en isothiocyanates, pourrait jouer un rôle dans la stimulation neuronale et la prévention du déclin cognitif.

De nouvelles recommandations nutritionnelles “épicées” pourraient ainsi se profiler, démontrant une fois de plus l’impact certain que peut avoir notre alimentation sur la santé cérébrale.

Au-delà de son rôle traditionnel dans la cuisine japonaise, cette épice semble être un allié inattendu contre le vieillissement cérébral. Les composés qu’elle renferme stimuleraient la mémoire.

Actuellement, l’intérêt pour les propriétés bénéfiques des épices et herbes sur la santé s’accroît. Le gingembre et l’ail sont par exemple associés à une amélioration des fonctions cognitives, y compris chez les personnes âgées atteintes de démence. Ces ingrédients, couramment utilisés pour rehausser le goût, masquer d’autres saveurs ou colorer les plats, sont désormais étudiés pour leur influence positive sur la cognition.

Des études antérieures ont suggéré que les antioxydants et les anti-inflammatoires jouent un rôle important dans la santé cognitive des personnes âgées.

Des tests éclairant l’impact du wasabi sur la mémoire

La présente étude a impliqué un groupe de 72 adultes âgés de plus de 60 ans, suivis attentivement sur une période de trois mois. Ces participants ont été divisés de manière aléatoire en deux groupes distincts, l’un recevant quotidiennement un comprimé contenant de l’extrait de wasabi, tandis que l’autre groupe recevait un comprimé placebo, sans que les participants ne connaissent la nature de ce qu’ils prenaient.

Les résultats, mesurés à l’issue de l’expérience, ont révélé que le groupe traité au wasabi a enregistré des améliorations notables dans des tests évaluant la mémoire épisodique, c’est-à-dire la capacité de se souvenir d’événements passés, ainsi que dans la mémoire de travail, nécessaire pour maintenir des informations de manière transitoire.

Cependant, les chercheurs n’ont pas observé d’amélioration dans d’autres domaines de la fonction cognitive, incluant le raisonnement, l’attention ou la vitesse de traitement de l’information. L’équipe de recherche suggère que les effets bénéfiques du wasabi, et plus spécifiquement du composé 6-MSITC, pourraient cibler l’hippocampe, une région du cerveau cruciale pour la mémoire.

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L'inuline

Les inulines sont des polysaccharides – sucres simples de type fructose liés entre eux – produits naturellement par de nombreux types de plantes. Elles appartiennent à une classe de fibres alimentaires appelées fructanes.

L'inuline tire son nom du genre botanique Inula auquel appartient la Grande Aunée (Inula helenium), utilisée pour sus vertus médicinales qui en contient beaucoup. Elle est particulièrement abondante dans la racine de chicorée dont elle est extraite industriellement. On la trouve aussi dans d'autres végétaux appartenant à la famille des Asteraceae tels que l'artichaut ou le pissenlit, les topinambours, le Yacón, ou les bulbes de dahlias, la bardane, la grande Aunée et l'échinacée.

L'inuline atteint donc intacte le côlon, où elle est métabolisée par le microbiote intestinal avec libération de quantités importantes de dioxyde de carbone, d'hydrogène et/ou de méthane : elle est ainsi considérée comme un prébiotique, en ce sens qu'elle stimule le développement des bactéries du microbiote intestinal.

Fructo-oligosaccharides

Les fructo-oligosaccharides, appelés également oligofructoses ou FOS, sont des substances composées de deux sucres, le glucose et le fructose. Les fructo-oligosaccharides ne sont pas assimilables par l’organisme mais sont digérés par la flore intestinale. Les FOS font partie des substances dites prébiotiques, c’est-à-dire qui favoriseraient la prolifération des bactéries probiotiques.

Précautions à prendre avec les fructo-oligosaccharides. Les personnes qui tolèrent mal le lactose (sucre du lait), celles qui ont des calculs biliaires, celles dont l’intestin est facilement irrité par les fibres (par exemple, les personnes souffrant du syndrome du côlon irritable) et celles qui ont subi une radiothérapie du système digestif doivent rester prudentes avec les FOS.

Le wasabi

Le wasabi, ou Eutrema japonicum, est une épice emblématique du Japon, appréciée pour son goût unique. Son principal composant bioactif, le 6-méthylsulfinylhexyl isothiocyanate (6-MSITC), appartient à la famille des isothiocyanates.

C’est une plante vivace qui ne pousse à l'état naturel qu'au Japon et sur l'île russe de Sakhaline. La racine de wasabi pousse en milieu semi-aquatique, un peu comme le riz, dans des terres irriguées constamment par des torrents d'eau douce.

Le wasabi dont le nom japonais signifie “la rose de la montagne” est prisé pour son rhizome qui sert à la fabrication du condiment du même nom à la saveur piquante et poivrée.

Il est reconnu pour ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires.

Besoins quotidiens en fibres alimentaires

La consommation de fibres alimentaires est importante pour notre santé digestive. Les fibres sont indispensables à notre équilibre nutritionnel. En effet, un régime alimentaire à base de fibres participe à l’équilibre du transit digestif, à la prévention des troubles métaboliques : obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires et diminue le risque de cancer colorectal.

Quelle quantité de fibres devons-nous manger chaque jour ?

Les avis des organismes nationaux à travers le monde varient peu, pour un adulte en bonne santé, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de consommer 20 à 25g de fibres alimentaires par jour.

Les directives en 2018 de l’Organisation Mondiale de Gastroentérologie (WGO) vont un peu plus loin en recommandant entre 20 et 30g de fibres par jour pour améliorer la qualité des selles et ainsi, la régularité du transit.


Où trouver des fibres ?


Les fibres alimentaires sont des glucides non digestibles, naturellement présents dans l’alimentation, et qui se trouvent dans des aliments d’origine végétale. On les trouve dans les végétaux, les tiges ou encore les graines. Les premières sources de fibres sont les suivantes :

Aliments à grains entiers

Traditionnellement, de nombreux aliments sont fabriqués à partir de graines de céréales (le blé, le riz, l’avoine, l’orge, le mil, etc.) mais parfois en enlevant la couche externe de chaque noyau alors que ces couches supérieures sont d’excellentes sources de fibres alimentaires. Ajouter dans son alimentation des produits à base de céréales complètes tels que le pain complet, le riz brun, les pâtes complètes et des céréales de petit déjeuner complètes est un moyen facile d’augmenter la prise quotidienne de fibres.

Légumes et fruits

Nous savons tous que les fruits et les légumes constituent une bonne source de vitamines, et fournissent également différentes variétés de fibres. D’après la World Gastroenterology Organisation (WGO), consommer au moins 400 g ou 5 portions de fruits et légumes par jour réduit les risques de maladie chronique et garantit un apport quotidien adéquat de fibre alimentaire. Vous pouvez également augmenter la quantité de fibres puisée dans les fruits et les légumes en les lavant et en les mangeant avec la peau plutôt qu’en les pelant.

Légumineuses

La consommation des légumineuses devrait être régulière, au moins une fois par semaine. Riches en fibres et en protéines végétales : lentilles, fèves ou pois chiches peuvent accompagner une viande ou un poisson, ou être ajoutées à des plats tels que des soupes, des ragoûts ou des salades.. En tant que source de protéines, il est possible de les déguster seules, en remplacement des protéines animales et dans ce cas il est conseillé d'associer les légumineuses à un produit céréalier, par exemple : haricots rouges et maïs, couscous et pois chiches, lentilles et riz.

Comment augmenter la quantité de fibres dans notre régime alimentaire ?

Atteindre 25-30 g de fibres, ce n’est pas si difficile.

En pratique, sachez que 5 fruits et légumes apportent en moyenne 16 à 20 g de fibres et que 100 g de pain complet, c’est 5 à 6 g de fibres de plus. Ajoutez une portion de légumes secs, de pâtes ou de riz complet et vous arrivez rapidement à 30 g par jour.


8 conseils pour garantir une consommation suffisante en fibres



1) Manger plus de légumes à haute teneur en fibres, comme les artichauts et les pois chiches.

2) Manger plus d’aliments à base de céréales complètes (riz, pain, céréales, pâtes) au lieu d’opter pour des versions raffinées.

3) Ajouter des fruits secs et des noisettes à vos salades et yaourts.

4) Manger des légumineuses comme des haricots et des lentilles au moins une fois par semaine.

5) Pour le petit-déjeuner, opter pour du son d’avoine ou du porridge plutôt que des céréales hautement transformées.

6) Manger cinq portions de fruits et légumes par jour.

7) N’oublier pas de boire beaucoup d’eau (1.5-2 litres par jour) pour empêcher la constipation.

8) En complément de cette alimentation, en cas de constipation, respecter en première intention les mesures hygiéno-diététiques appropriées. Pour cela, demander conseil à votre pharmacien.


Comment faire fonctionner votre mémoire à court terme ?

Plusieurs stratégies peuvent contribuer à améliorer la mémoire à court terme :

* Répétition. Répéter une information à plusieurs reprises peut aider à la conserver dans la mémoire à court terme.

* Regroupement. Le fait de regrouper des éléments similaires ou apparentés peut faciliter leur mémorisation.

* Visualisation. La création d’images mentales d’une information peut vous aider à mieux la mémoriser.

* Association. Lier une nouvelle information à quelque chose que vous connaissez déjà peut vous aider à mieux la mémoriser.


Voir aussi…


jeudi 29 février 2024

La Musique Ralentit le Vieillissement du Cerveau

Écouter de la musique, chanter ou pratiquer un instrument a de multiples 
bénéfices sur le fonctionnement cognitif global du cerveau à tous les âges de la vie


La musique transforme et soigne le cerveau

L
a musique influe sur notre humeur. Bien sûr, un même morceau ne provoquera pas les mêmes émotions chez tout le monde. Mais, en général, dès lors qu’il est structuré, il ne laisse pas indifférent. Si le rythme est lent, les battements du cœur ralentissent, ainsi que la respiration. C’est la “synchronisation cardio-vasculaire” : la tension artérielle se synchronise avec la vitesse de la musique. Et le taux de cortisol – l’hormone du stress – diminue.

À l’inverse, si la musique peut relaxer, elle stimule aussi. Dans la course à pied, par exemple, écouter un morceau permet de caler sa foulée, prolonger l’effort. Et, en plus, de libérer la dopamine, le neurotransmetteur du plaisir. Son effet est tel qu’écouter de la musique est interdit pendant le marathon, sinon ce serait du dopage.


Lien entre le cerveau et la musique

La musique est traitée par de multiples zones du cerveau. L’hippocampe est la région du cerveau qui stocke la mémoire à court terme, et c’est souvent la première à défaillir chez les personnes atteintes de démence. Au fil du temps, les souvenirs sont consolidés et stockés de manière décentralisée dans le cortex cérébral.



Ce qui se passe dans le cerveau quand nous écoutons de la musique

Dire qu’il se passe une véritable “symphonie neuronale” n’est pas du tout exagéré, car l’écoute musicale mobilise de nombreuses régions du cerveau, même pour une personne n’ayant pas fait d’études de musique. Les régions auditives – temporales – établissent un dialogue important avec les régions motrices – régions préfrontales mais aussi sous-corticales, autrement du cortex –, et c’est en cela que la musique nous donne facilement envie de danser.


La musique est aussi continuellement évaluée dans notre cerveau par rapport au plaisir ou au déplaisir qu’elle peut nous procurer, et cela implique un réseau cérébral complexe que l’on appelle “circuit de la récompense”. L’activité de ces régions produit la libération de substances telle que la dopamine lorsque le plaisir est présent, ce qui fait nous sentir bien.

Elle sollicite les régions auditives et immédiatement les régions motrices, naturellement connectées ensemble dans le cerveau. Autrement dit, la musique se ressent… dans le cerveau. Ce qui explique pourquoi une musique pulsée nous donne envie de bouger ou à un bébé de se dandiner alors même qu’il ne sait pas marcher.


Résistance de la mémoire musicale

Activités cérébrales pour une tâche de mémoire musicale (en rouge)
et de mémoire verbale (
en bleu).
En
jaune, les régions cérébrales communes pour la musique et le langage

L’analyse perceptive de la musique s’associe avec un travail de la mémoire, impliquant ainsi des régions du cerveau cruciales dans l’encodage et le rappel des informations telles que les hippocampes. Les études de neuroimagerie réalisées montrent que la mémoire musicale sollicite plus largement le cerveau que la mémoire du langage, ce qui permet déjà d’expliquer la très bonne résistance de cette mémoire lors du vieillissement du cerveau. Cependant, les deux domaines partagent des ressources cérébrales communes, ce qui est d’ailleurs intéressant car les cliniciens comme les orthophonistes s’appuient notamment sur ces capacités musicales pour rééduquer des patients ayant des troubles de la production du langage, ou pour aider les enfants dyslexiques à mieux découper les syllabes et les phrases.

La musique permet ainsi au cerveau de se restructurer plus vite après des traumas, troubles ou lésions. Suite à un AVC, par exemple. Utilisée en début de maladies neuro-dégénératives, comme Alzheimer, elle favorise la plasticité neuronale et retarde donc son impact sur la détérioration de la mémoire.

La pratique musicale peut protéger de la survenue de maladies neuro-dégénératives

De plus en plus de données scientifiques tendent à le montrer. Par exemple, une étude analysant le parcours de santé de grandes populations a montré que chez des jumeaux dont le code génétique est identique, si l’un des deux est musicien (études et pratique musicale régulière) alors il aura moins fréquemment démarré une maladie de type Alzheimer.

De même, une publication récente montre que chez des personnes âgées ayant des plaintes de mémoire (mais pas de diagnostic de maladie neuro-dégénérative) à qui l’on propose la participation à des séances de méditation chantées ou d’écoute passive de musique pendant 3 ou 6 mois, montrent une amélioration de leur fonctionnement cognitif et de leur bien-être pour les deux types d’activité.

Le côté étonnant, c’est que la simple écoute de musique produise les mêmes effets, même à long-terme, qu’une activité de méditation beaucoup plus active. La pratique nouvelle de sport (marche, piscine…) produit des résultats similaires. C’est un message positif, car cela montre que l’on peut augmenter la qualité de son vieillissement par des activités de loisirs diversifiées et de niveau d’engagement personnel varié.

De nombreux travaux scientifiques ont montré que le quatrième art est bien plus qu’un ravissement pour les sens. Il s’agit aussi d’un puissant stimulant pour notre cerveau, même quand il commence à prendre de l'âge, comme le révèle une nouvelle étude.


La pratique musicale freine le déclin cognitif chez les seniors


Une équipe de l’Université de Genève (UNIGE), de la Haute école de santé (HES-SO Genève) et de l’EPFL, dans une étude publiée en NeuroImage: Reports en avril 2023, met en évidence les effets bénéfiques des activités musicales pour contrer le vieillissement normal du cerveau.

Le vieillissement normal s’accompagne inévitablement d’une diminution plus ou moins importante des performances cognitives. Mais on peut entraîner son cerveau pour ralentir ce processus.

L’équipe de chercheurs a découvert que la pratique et l’écoute active de la musique pouvaient freiner le déclin cognitif chez les seniors en bonne santé, en stimulant la production de matière grise.

Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont suivi durant six mois plus de cent retraités inscrits à des cours de piano et de sensibilisation musicale, qui n’avaient jamais pratiqué jusque-là. Ces résultats ouvrent de nouveaux horizons dans l’accompagnement du vieillissement neuro-cognitif.

Tout au long de l’existence, notre cerveau se remodèle. Sa morphologie et ses connexions évoluent en fonction des expériences et de l’environnement. C’est par exemple le cas lorsque nous intégrons de nouveaux apprentissages ou surmontons les séquelles d’une attaque cérébrale. En vieillissant, cette plasticité cérébrale diminue. Le cerveau perd également de la matière grise, siège de nos précieux neurones. On parle alors d’atrophie cérébrale.

Progressivement, un déclin cognitif apparaît. Il touche en particulier notre mémoire de travail. Elle est à la base de nombreux processus cognitifs. Par exemple, lorsque l’on retient des informations brièvement afin d’atteindre un but, comme retenir un numéro de téléphone le temps de le noter ou encore traduire une phrase issue d’une autre langue. La pratique et l’écoute active de la musique favorisent la plasticité cérébrale et ainsi l’augmentation du volume de matière grise.

Des effets bénéfiques ont également été mesurés sur la mémoire de travail. Cette étude a été menée auprès de 132 retraités âgés de 62 à 78 ans et en bonne santé. L’une des conditions de participation était de ne pas avoir suivi de cours de musique durant plus de six mois au cours de sa vie.

Pratique vs écoute active

Les chercheurs voulaient des personnes dont le cerveau ne portait encore aucune trace de plasticité cérébrale liée à un apprentissage musical. En effet, même un bref apprentissage au cours de l’existence peut laisser des empreintes sur le cerveau, ce qui aurait faussé leurs résultats.

Les participants ont été répartis aléatoirement dans deux groupes, indépendamment de leur motivation ou non à pratiquer un instrument. Les membres du premier groupe ont suivi des cours de piano hebdomadaires. Les membres du second, des cours d’écoute active axés notamment sur la reconnaissance des instruments et l’analyse de la structure d’œuvres, dans une large palette de styles musicaux. Les cours duraient une heure. Les participants des deux groupes devaient fournir du travail à domicile, à raison d’une demi-heure par jour.

Effets positifs dans les deux groupes

Après six mois, les scientifiques ont constaté des effets communs aux deux interventions. La neuroimagerie a révélé, chez l’ensemble des participants, une augmentation de la matière grise dans quatre régions du cerveau impliquées dans le fonctionnement cognitif de haut niveau, notamment dans des zones du cervelet mobilisées dans la mémoire de travail. Leurs performances ont augmenté de 6% et ce résultat était directement corrélé à la plasticité du cervelet. Les scientifiques ont aussi constaté que la qualité du sommeil, le nombre de cours suivis et l’entraînement quotidien avaient un impact sur le degré d’amélioration des performances.

Les chercheurs ont cependant noté une différence entre les deux groupes: le volume de matière grise est resté stable dans le cortex auditif primaire droit des pianistes – une région spécialisée dans le traitement des sons – alors qu’il a diminué dans le groupe d’écoute active. Dans tous les cas, un processus global d’atrophie s’est poursuivi chez l’ensemble des participants. Les interventions musicales ne peuvent donc pas rajeunir le cerveau mais uniquement freiner le vieillissement de certaines de ses régions.

Ces résultats révèlent que la pratique et l’écoute de la musique promeuvent la plasticité cérébrale et la réserve cognitive. Les auteurs de l’étude estiment que ces interventions, ludiques et accessibles, doivent devenir une priorité politique majeure pour l’accompagnement du vieillissement en bonne santé. Pour l’équipe, la prochaine étape consistera à évaluer le potentiel de ces interventions chez des personnes touchées par un déclin neuro-cognitif léger, un stade intermédiaire entre vieillissement normal et démence.

Continuer à faire travailler ses neurones à tout âge

Même à un âge avancé, la plasticité cérébrale subsiste, ce qui signifie que l’on peut toujours apprendre. Il n’est jamais trop tard. Les seniors qui partent à la retraite et qui ne stimulent plus leur cerveau subissent un déclin cognitif fulgurant. En effet, le cerveau se comporte un peu comme un muscle. Si on ne s’en sert pas, il se ramollit. Plus scientifiquement: il perd de ses capacités.

S’il semble évident que continuer à apprendre de nouvelles choses, surtout à un âge avancé, est bénéfique, pourquoi la musique serait-elle un meilleur stimulant cérébral que faire du sport ou apprendre une langue étrangère ? La pratique musicale est plus stimulante parce qu'elle est multimodale, sollicitant non seulement l'ouïe, mais également les autres sens et le mouvement. De plus, elle engage pratiquement toutes les capacités cognitives. Après un an de pratique, le groupe ayant joué du piano a d’ailleurs montré de meilleures connexions entre toutes les parties du cerveau qui s’occupent de motricité fine. L’apprentissage d’un art ou d’une activité physique n’est toutefois pas à négliger. L’essentiel est de pratiquer une activité qui passionne et que l’on va faire avec intensité et sur le long terme. C’est ainsi que l’on développe sa capacité cérébrale. Faire des progrès est le plus important pour freiner le déclin cognitif naturel lié à l’âge.

Désinhibiteur pour Parkinson et troubles du langage




La musicothérapie présente un grand intérêt dans le traitement de la maladie de Parkinson. Faire écouter un morceau rythmé aux patients les aide à développer une marche plus fluide et désinhibe leur coordination motrice. Elle est également utilisée par des orthophonistes pour les personnes souffrant d’une aphasie – perte totale ou partielle de la capacité de parler – car elle libère la production du langage. D’ailleurs, les personnes bègues ont souvent une parole fluide dès qu’elles chantent.



Atténuation de la douleur

Si elle provoque du plaisir, la musique atténue aussi la perception de la douleur en la détournant de notre conscience, et en libérant dopamine et endorphine. Son effet est tel qu’elle est utilisée pour les douleurs chroniques et les soins douloureux, dans les services d’urgence, de chirurgie, de réanimation. Pour les soins palliatifs, chez les dentistes, dans les maternités…

Un programme a même été mis au point par une société française : Music Care, application pionnière dans la prise en charge de la douleur par la musique – en complément d’un traitement médicamenteux.

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Personne (ou presque) n’est insensible au pouvoir de la musique. Si les préférences varient, le quatrième art nous touche au plus profond de notre cœur… et de notre cerveau. C’est pourquoi l’écoute et la pratique musicales sont de plus en plus préconisées par la communauté médicale.

De précédents travaux scientifiques ont conclu que le quatrième art stimule presque toutes les formes de mémoire, y compris chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.

Mais peut-on pour autant, dire que la musique préserve du vieillissement cérébral ? Les chercheurs restent prudents sur la question. Ils sont toutefois unanimes sur un point : écouter de la musique, chanter ou jouer d’un instrument a de multiples bénéfices sur le fonctionnement cognitif global du cerveau, y compris à tous les âges. Raison de plus pour encourager l’apprentissage et la pratique de la musique dès le plus jeune âge.


Les bienfaits de la musique chez les personnes âgées




La musique, c’est bon pour le moral à tout âge ! Chez les seniors, elle est particulièrement utilisée en thérapie pour les patients atteints de démence… Et devrait faire partie du quotidien de toutes les personnes âgées pour ses bienfaits.

Une chose est sûre, plus vous pratiquez d’un instrument, plus vous bénéficiez de ces effets. Mais l’écoute musicale peut également apporter de nombreux avantages.


Régulation de l’humeur

Les neurosciences cognitives affirment que la musique procure une sensation de plaisir en activant notre circuit de récompense. Ce système, mis en place par la sélection naturelle pour réguler nos désirs et nos émotions, augmente la libération de dopamine, la fameuse "hormone du bonheur". Si bien que la musique est désormais utilisée comme outil thérapeutique dans les établissements de soins.

Stimuler : la musique, c’est la vie !

Avez-vous déjà vécu un de ces moments particulièrement intenses, dont toute l’émotion se cristallise dans la chanson qui passe à ce moment-là ? La musique a cette faculté extraordinaire de véhiculer des souvenirs, heureux ou tristes. Une personne peut ainsi avoir oublié ce qu’elle a fait dans la journée, mais pouvoir chanter par cœur une mélopée d’enfance… Elle est stimulante pour notre cerveau, car elle réactive les capacités neuronales, en faisant resurgir les souvenirs enfouis. Le fait de devoir se rappeler les paroles permet également de travailler la mémoire, et jouer ou danser en rythme est excellent pour la coordination et la concentration. C’est sans doute pour cela que les chorales et les ateliers de danse de salon ont autant de succès… Sans compter qu’ils maintiennent les liens et la sociabilité.

Ralentir certaines maladies – se soigner par les notes

Très utilisée pour les personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives, la musique permet, qu’on l’écoute ou qu’on la pratique, d’activer de nombreuses zones du cerveau : mémoire, créativité, concentration, coordination, mais aussi communication pour être en rythme avec les autres chanteurs, danseurs ou instrumentistes. Elle aide également à améliorer la santé morale et psychique, et ainsi lutter contre la dépression.

S’exprimer – le dire en chantant

Chanter ou écouter une musique ensemble peut être une base pour les personnes ayant des difficultés à communiquer. Cela leur permet d’évoquer leur passé, et d’exprimer leur personnalité : ils ne sont plus réduits à leur maladie ou à leur âge, et peuvent parler de leurs goûts. Cela facilite aussi les échanges, notamment entre générations : une grand-mère chantant des comptines et des berceuses à ses petits-enfants, n’est-ce pas l’un des plus beaux moments partagés en famille ?

Se relaxer – bien-être et sérénité

La simple écoute de musique classique peut être très relaxante, apaiser et améliorer le sommeil. Ses vertus sont reconnues pour tranquilliser les personnes atteintes de troubles neurologiques (démence, Parkinson, Alzheimer…). Cela peut devenir un véritable rituel.



Moins de déclin cognitif, mémoire renforcée, audition plus performante et meilleure habileté manuelle 
font partie des avantages constatés chez des seniors qui se sont mis à la pratique musicale


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